Lettre ouverte à Monsieur M. François BARATEAU Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire de la France au Congo

Monsieur l’Ambassadeur,

Je me permets de vous écrire pour attirer votre attention sur une affaire dont votre responsabilité pourrait être engagée. En effet, la non-exécution de la décision de la justice française sommant le Congo de restituer les restes de l’explorateur français Pierre Savorgnan de Brazza à ses descendants vous pourrait être imputée dans une certaine mesure. 

Sous réserve que les conventions internationales vous reconnaissent un droit de réserve sur l’application des décisions de justice de votre pays à l’encontre du pays dans lequel vous êtes en poste. Aussi, j’ai l’intime conviction qu’il est de votre responsabilité quoique moral d’œuvrer pour l’essor de la justice et mieux pour la promotion des droits humains. 

À cet effet, je vous invite très respectueusement à informer les autorités françaises de la volonté manifeste du peuple congolais de se défaire des restes de l'explorateur français Pierre Savorgnan de Brazza.

 En vous signifiant que cette décision de justice a donné un grain d’espoir, disant plutôt est un tremplin pour la majorité silencieuse, étouffée par des dirigeants qui font montre d’indifférence face à une opinion nationale en quête d’affranchissement. 
En réalité, le mémorial Pierre Savorgnan de Brazza symbolise le triomphe de la colonisation sur la liberté.  En tout cas, l’âme de l’explorateur français ne reposera pas en paix en terre congolaise tant que le peuple congolais aura la dent dure contre la colonisation et le néo-colonialisme.

 L’explorateur français Pierre Savorgnan de Brazza incarne l’image du colonisateur triomphant et hautain. La conscience collective du peuple congolais l'exprime avec force détails. L’humanisme appelant à la décence quant à la mémoire des disparus, je ne saurais discourir sur les griefs que le peuple congolais pourrait nourrir contre ce commis de la France. Toujours est-il que présentement la gloire rendue à ce dernier est malencontreuse dans un contexte de la Françafrique où la domination française est un boulet pour l’épanouissement du peuple congolais. 

Toutefois, ma récrimination va bien au-delà de votre auguste personne, mais engage la responsabilité morale de la France. Toutefois, ma récrimination va bien au-delà de votre auguste personne, mais sollicite celle de la France. Est-il besoin de vous rappeler que le racisme et l’émigration des peuples africains en sont des causes directes ?

J’avoue que mon plaidoyer n’est pas motivé uniquement par le désir de promouvoir la justice française. Cette décision de justice a convergé avec les intérêts du peuple congolais notamment celui de s’affranchir du joug de la colonisation. La France a ainsi plusieurs cordes à son arc pour déchanter le néocolonialisme véhiculé par le mémorial Pierre Savorgnan de Brazza.

Les jeunes générations congolaises doivent se construire à base de leur histoire revisitée. La restitution des restes de l’explorateur français autant que la restitution des œuvres d’art congolais sont des signaux indispensables pour la redéfinition des relations entre la France et le Congo. Je suis convaincu que vous êtes la meilleure croix de transmission à ma portée. 
Toutefois, je vous assure de mes meilleurs sentiments, car je ne nourris aucune rancune aussi bien à contre le pays que vous représentez qu’à votre égard. Je pense que la franchise soit la voie royale de la résolution des différends, raison pour laquelle je m'adresse à vous sans langue de bois.

Dans l'espoir que ma requête rencontre une suite favorable,

Veuillez agréer, madame/ monsieur, l'expression de mes cordiales salutations.