CONGO-B: les retards de salaire qui dénudent la pauvreté des agents de l'Etat
Désormais, rien n’est moins sûr que la date à laquelle les fonctionnaires doivent attendre leur salaire. Si le programme avec le Fonds Monétaire International conjecture la régularité de paiement des salaires, il faut cependant se douter de la viabilité de ses salaires. Les retards de ces derniers mois nous présentent une situation des fonctionnaires à la limite misérable, lesquels vivotaient déjà avec des salaires qui ne sont pas viables et doivent dorénavant végéter, car le défaut de régularité est impondérable. Nul ne sait comment se prendre face à l’infortune. Si les salaires étaient viables, ils auraient permis aux salariés de l’Etat congolais d’attendre le prochain salaire bien qu’à terme non échu, mais sans être désemparés. Avant tout qu’est-ce qu’un salaire viable ?
D’après le centre de recherches d’informations socio économique du Québec, « le salaire viable est un salaire qui permet au salarié de couvrir ses besoins de base et ceux des personnes à sa charge, et de participer à la vie culturelle, politique et économique en plus de lui laisser une certaine marge de manœuvre en vue de transformer sa situation socio économique ». Pouvons-nous dire que le salaire du fonctionnaire congolais est-il viable ?
Les besoins de base
D’après la pyramide de hiérarchie des besoins selon Maslow, les besoins de base d’un être humain sont les besoins physiologiques (manger, boire, dormir…) et les besoins de sécurité (du corps, de l’emploi…). Combien de ménages dont le chef est employé à la fonction publique congolaise mangent-ils trois fois par jour ? Attendant que l’on me dise la fréquence des repas dans ces ménages, il faut souligner que le jeu du chat et de la souris auquel s’apprêtent les locataires pour la plupart des fonctionnaires et les bâilleurs en dit long sur la qualité des salaires des fonctionnaires. Les fonctionnaires ne parviennent pas à subvenir à leurs besoins de base, mais qu’en est-il de la transformation de leur situation socio économique ?
Les salariés qui vivent dans la précarité
La civilisation veut que les travailleurs aient un mode de vie qui garantit à la fois leur épanouissement, mais également le développement de la communauté dans laquelle ils vivent, notamment dans la participation des activités culturelles à titre d’exemple une implication tant financière que morale dans les mariages, les décès ... S’ils connaissent des difficultés pour joindre les deux bouts du mois, ne sont-ils pas des pauvres ?
Le revers de la médaille
Le dernier retard de paiement des salaires des fonctionnaires aurait mis ses derniers au bord du précipice. On se plaindra tout autant de la qualité de vie des fonctionnaires que des milliers de chômeurs qui ne bénéficient pas d’allocations, mais aussi de l’épargne qui ne peut pas se constituer tant le budget de l’Etat congolais est déficitaire et que les fonctionnaires, lesquels représentent la plus grande proportion des travailleurs du Congo ne peuvent épargner. Le moindre retard de paiement est vécu comme un drame à en croire les visages renfrognés et les mines déconfites des milliers des fonctionnaires qui ont pris d’assaut les banques en fin de semaine dernière.
Ils s’y sont afflué comme des assoiffés et affamés qui accourent derrière une goutte d’eau et des miettes de pain, se bousculent et se marchent sur des pieds comme des misérables, ne les sont-ils pas ?
Les vaines promesses du gouvernement sur la diversification de l’économie sont des faux-fuyants, qui sont d’office battus en brèche. En effet, l’Etat ne dispose pas de ressources pour investir. Le FMI a préconisé à l’Etat congolais de payer la dette intérieure pour relancer l’économie.
Cette perturbation a un revers qui mérite toute notre attention. L’expression est rude, mais elle est de loin la plus pertinente, mieux la plus percutante pour imager la pauvreté que le retard de paiement des salaires a extirpée.
Un gouvernement défaillant
L’Etat qui est le premier employeur au Congo, a donné la preuve que la fonction publique congolaise n’est pas un emploi fiable et encore moins viable puisqu’elle ne permet pas à ses salariés d’épargner. Il a fallu que la machine de l’Etat se grippe pendant quelques jours pour se rendre compte qu’au-delà des statistiques habituelles, la prise d’assaut des banques, les visages renfrognés et les mines déconfites des fonctionnaires reflètent bien la misère de ses travailleurs pauvres. Le comble, c’est que cette situation plombe l’économie nationale car sans épargne , il n’y a pas d’investissement, on n’est enfin de compte dans un cercle vicieux et les recommandations du FMI notamment le paiement de la dette intérieure pour relancer l’économie, quand on sait que la corruption gangrène tout le mécanisme qui vise à faire sortir le Congo la tête de l’ sont pour voir montre en effet à l’opinion nationale non seulement que les salaires sont indignes mais les fonctionnaires sont au bord de la misère. Il a suffi que la date soit en dépassement pour voir les agents de l’Etat prendre quasiment d’assaut les banques. Ils se sont rué dessus comme des affamés. À quoi doit ressembler la vie des milliers de Congolais sans emploi, lesquels ne bénéficient même pas d’allocations.
Jean Cliff Davy OKO-ELENGA
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