CONGO-B : chassé croisé du dialogue national et du Congrès du PCT
Sous réserve que la dissolution du parti dénommé l’Union pour le Mouvement Populaire (UMP) soit effective, il faut dire que les actes des acteurs politiques en scène prêtent à la critique acerbe. Les consultations des formations politiques amorcées par le Conseil consultatif du dialogue politique et l’imminence de la tenue du Congrès du Parti Congolais du Travail ont mis en alerte les politiciens, lesquels sont à l’affût des opportunités pour se faire de la place au soleil. Qu’est-ce qui détournerait un dirigeant de l’éthique, de la retenue, voir de la dignité si ce n’est pas l’intérêt personnel surmonté de l’égocentrisme, on n’est jamais leader d’autorité et encore moins de fait… L’Union des Forces Démocratique, parti fondé à l’issue de la Conférence nationale souveraine par Charles David Ganao, a été dissoute dans le dessein de se fondre dans le Parti Congolais du Travail, parti qui est censé faire peau neuve.
On retiendra que l’Union des Forces Démocratiques présidée jusqu’à sa dissolution par Josué Rodrigue Ngouonimba entend prendre parti avec le Parti Congolais du Travail alors que Digne Elvis Okombi Tsalissan aurait voulu jouer sa partition en cavalier solitaire, n’a-t-on pas dit qu’on n’est mieux servi que par soi-même.
Le parti n’est pas un bien personnel…
L’altercation qui a eu lieu à l’hôtel Saphyr le mercredi 16 octobre 2019 n’a pas seulement révélé la personnalité d’un dirigeant politique qui n’hésiterait pas à en arriver aux mains s’il était poussé à bout, mais à montrer à la face des congolais combien de fois la classe politique congolaise est vile, moche et parfois dégueulasse. .. Il ne suffit pas de réunir à seul, les conditions de création d’un parti pour en disposer à vie, mais il faut hélas tenir compte de l’avis général, mieux être encadré par le respect des convenances. C’est dire que les présidents-fondateurs ne devraient pas toujours être à la tête des partis qu’ils ont pourtant créé de toute pièce, auxquels cas les militants seront réduits à la condition d’esclavage, privés du droit de disposer d’eux-mêmes. Seule la majorité doit désigner les dirigeants, et cela, peu importe les conditions dans lesquelles le parti fut créé, et l’Etat est tenu de veiller au respect de ce critère au sein des partis. Rien ne justifie alors cette subjectivité qui a débouché à une bagarre.
Un ricochet
Dans la foulée, un arrêté ministériel vient dissoudre ce parti sans une autre forme de procès. Quelle grossièreté comme s’il fallait que le sang coulât pour que le ministère de l'Intérieur se rende compte que les informations fournies à l’administration par le staff de ce parti étaient erronées. Nul doute des énormités que les politiques trimbalent...Le Conseil consultatif du dialogue est une institution de l’Etat, placé sous l’autorité du président de la République, il ne peut que disposer d’informations fiables compte à la probité morale et le poids politique aussi bien des acteurs et que des formations politiques consultés en vue de la tenue du dialogue. Par extension, si l’Union pour le Mouvement Populaire ou son président fondateur ont un réel poids sur l’échiquier politique national, sa dissolution par l’administration est une source de tension et donc un goulot d’étranglement à mettre dans le lot qui a exigé le dialogue qui se peaufine à l’horizon. On peut toutefois apprécier la décision de la dissolution de ce parti sous un autre angle. L’Union pour le Mouvement Populaire (UMP) est un parti dit du centre, qui appuie l’action du pouvoir, mieux du président Denis Sassou Nguesso, le président-fondateur de ce parti l’assume comme si telle était la vocation d’un parti. Puisque le soutien de ces partis est acquis, le dialogue qui veut décrisper le climat politique, devrait mettre sur une même table le pouvoir et l’opposition. La majorité doit accorder ses violons en aparté. Les concertations entre alliés ne visent que très rarement l'intérêt général.
Les deux faces d’une même médaille
Le dialogue en préparation tout autant que Congrès du Parti Congolais du Travail sont les deux faces d’une même médaille. La Consolidation du pouvoir est l’objectif que se sont fixé les initiateurs aussi bien du Congrès que du dialogue. Les querelles intestines qui ont rongé le Parti Congolais du Travail, pourraient se muer en opposition farouche à un système qui laisse transparaître de plus en plus de signes de faiblesse. La première option est d’apporter du sang nouveau, quoi de mieux que l’Union des Forces Démocratiques (UFD) bien implantée en terre Téké dont la population montre de plus en plus des signes d’âcreté vis-à-vis du pouvoir. Avec une jeunesse qui a de longues dents et un conflit de génération qui est loin d’être résolu, le PCT voudrait avoir des coudées franches. Pour cela au cas par cas, le président du Comité Central récompensera les fidèles et sanctionnera les ambitions par l’entremise du dialogue ou du Congrès. Pour ne parler que du cas de Josué Rodrigue Ngouonimba qui n’a pas hésité de dissoudre le parti dont il présidait pour rejoindre le PCT. Il faut être dupe pour croire que cette dissolution n'a pas des visées politiques.
Une fusion contre natureLes deux formations politiques qui se réclament de la social-démocratie apporteraient-elles du nouveau dans une doctrine dont les contours sont connus et maîtrisés. Avant tout, allant du principe que les adhésions au sein des partis sont individuelles et donc l’imposture qui constitue de dissoudre un parti pour adhérer en masse dans un notre parti ne se justifie pas dans le cadre des partis dits de la social-démocratIe. Les seules affiliations qui tiennent, sont celles des syndicats et dans une moindre mesure des unions catégorielles. C’est dire que cette fusion n’en est pas une, il faut alors chercher ailleurs les motivations de cette fusion, somme toute, elle sent la fraude.
Ce qui a valu la nébuleuseLes deux faits majeurs qui font l’actualité politique au Congo-Brazzaville permettront au président Denis Sassou Nguesso d’évaluer le poids politique aussi bien de ses partisans que de ses détracteurs, rien que ça, il veut savoir sur qui compter et qui redouter. Les états-majors des partis l’ont compris à tel enseigne que certains ne sont pas allés d’une main morte et d’autres, on dissout des partis pour s’unir à une puissance politique qui est tout sauf populaire parce que l’avenir politique des uns et des autres se décidera au travers de ses événements qui ont pignon sur rue. Dans ce branle-bas, le peuple n’est en aucun cas le souverain primaire et la démocratie est méprisée. L'élection présidentielle de 2021 est déjà en train d'être volée.
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