Congo-Brazzaville : une université politique en cul-de-sac
Ouverte, le 27 février dernier, les rideaux sont tombés sur l’université politique de la majorité présidentielle ce 30 avril 2019 au Palais des congrès. Cette cérémonie de clôture a été Placée sous le patronage du président par intérim de cette plateforme politique Pierre Ngolo. Si l’on peut dire que les travaux se sont étendus pendant deux mois, mais est-ce que la moisson a été bonne ? En d’autres termes, qu’en a été t-elle de cette université politique pour une majorité présidentielle atypique ? En effet, les forces constitutives de l’actuelle majorité présidentielle sont issues d’horizons divers avec des objectifs qui s’opposent souvent.
Par définition, une université politique est un rassemblement de militants et de responsables d’un mouvement en vue d’approfondir la réflexion sur les objectifs du mouvement dans un cadre élargi avec des ressources externes notamment les universitaires, les intellectuels et la société civile. Quand une majorité présidentielle qui réunit en son sein toutes les sensibilités ci-dessous mentionnées, laquelle inscrit son action dans le strict cadre du soutien de l’action gouvernementale, il est évident qu’il faille s’interroger sur l’imposture de certaines organisations non-gouvernementales et de l’objectivité des sociétés savantes appelées pourtant à sortir les acteurs politiques de l’obscurantisme.
Sur un autre chapitre et non pas des moindres, cette université politique a fait office de rentrée politique à la majorité présidentielle. Ainsi donc, les formations politiques, les organisations de la société civile et des individualités s’engagent dans un combat politique sur un front commun, en dépit des missions et des objectifs de chaque partie. À terme, on pourrait croire que les organisations non-gouvernementales viseraient la conquête du pouvoir.
Mais qu’en est-il de l’attitude et de la posture des militants de cette plateforme politique alors que chaque organisation est tenue de maintenir le cap face à ses propres objectifs et de rester fidèle à l’esprit de sa composante.
Une opération de charme ratée
Il est de tradition dans les formations politiques de faire peau neuve par une rentrée politique. Si tel était le cas pour la majorité présidentielle à la tête de laquelle se trouve le Parti Congolais du Travail, ces peines perdues pour cette rentrée. Pour cause, l'actualité oblige, à en croire le discours de clôture de Pierre Ngolo, les participants à l’université politique de la majorité présidentielle se seraient penché entre autres sur les négociations entre le Congo et le Fond monétaire International (FMI). À ce titre, la plateforme a réitéré son soutien au gouvernement et au Chef de l’Etat Denis Sassou Nguesso. Le soutien ainsi manifesté, se dilue dans des blocages intrinsèques à la plateforme même.
Les organisations de la société civile qui sont en étroites relations avec les détendeurs du pouvoir mettent en péril le jeu de la démocratie. Une société civile assujettie à la société politique entretient l’hégémonie du pouvoir, non seulement qu’elle perd sa légitimité, mais tout aussi, le lit de l’autocratie. Mais alors comment voulez-vous faire un coup de charme tout en créant des conditions de la mauvaise gouvernance. La majorité présidentielle aurait tenté de donner espoir en prenant à bras-le-corps, les problèmes du peuple, mais sa stratégie qui consiste à avoir sous ses bottes et parfois créer une société civile de façade, révèle son despotisme.
Le discrédit assuré
La sortie de la crise reste la principale préoccupation de la majorité présidentielle. La signature d’un programme avec le Fonds Monétaire International reste de loin la première priorité. « L’enfer est pavé de bonnes intentions » comme le dit l’adage, la composition de la majorité présidentielle est une preuve de l’étranglement du processus démocratique. L’opposition étant institutionnalisée, donc à la solde du pouvoir, la société civile devrait se relayer à celle-ci. Alors que la société civile congolaise s’est alliée avec le pouvoir, le Congo souffre de la mauvaise gouvernance. Comment donc, prétendre soutenir quand la majorité présidentielle réunit les conditions d’une gouvernance autocratique.
Une université politisée
Il faut le dire qu’on se croirait dans le meilleur des mondes. Les tableaux brossés par les conclusions de l’université politique de la majorité présidentielle rayonnent au point ou l’on croirait que la crise que le Congo échappe à toute logique scientifique, que les solutions sont hors de portée. La preuve les recommandations de cette université rentre dans la droite ligne des stratégies adoptées par le gouvernement. L’innovation tant attendue n’a pas eu lieu, mieux le calibrage évoqué n’est qu’une vue de l’esprit.
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