Les biens mal acquis
À Brazzaville, le groupe nominal « bien mal acquis » renvoie
à l’initiative des associations sherpa et transparancy France . Mais il faut remonter le temps pour se rendre compte que la
conférence nationale souveraine l'évoquait déjà... Alors que nous,
nous s'apprêtons à publier cet article, le Congo commémore ce 10 juin 2018, la
journée de la réconciliation nationale. Nos pensées vont vers les victimes de la guerre du pool,
mais aussi du mutisme pathologique des Congolais qui peinent à se réconcilier
avec la vérité. Les Congolais vivent au quotidien les frasques de sa classe
politique. Aussi, bien de fait prouve à suffisance que
l’entourage du président Denis Sassou Nguesso s’enrichit au détriment de
l’Etat tel est le sens que nous donnons à cette expression : bien mal
acquis... Si de par le monde, les autorités congolaises sont
compromises dans les affaires dites de biens mal acquis comme récemment au
Canada. Du côté de Brazzaville ou ces crimes ou délits sont commis
de façon flagrante, pas une seule action n’est intentée, pas un seul individu
n'a comparu.. On pourrait dire que c’est faute de preuves, voilà pourquoi
il est nécessaire d’en parler, mieux de dénoncer afin que la justice ouvre des
enquêtes et que le préjudice moral et économique subi par le peuple congolais soit réparé. Cet article
voudrait épingler tous les biens meubles qui ont appartenu, ou devaient
appartenir à l’Etat, mais qui seraient ou se trouveraient de façon directe ou
indirecte entre les mains des proches du président ou de son entourage.
La genèse des biens mal acquis au Congo
Le Congo-Brazzaville expérimente
l’expression bien mal acquis suite à la conférence nationale souveraine de 1991. Après trois mois
de débat, les conférenciers avaient recommandé entre autres de mettre en place
une commission de biens mal acquis. Tout comme elle avait décrété le multipartisme au Congo, ce
rassemblement avait préconisé aussi de traquer les délinquants et les criminels
économiques de l’époque. Le mea culpa porté par l’aphorisme « j’assume » est
suffisamment éloquent.
Le tort causé au peuple
L’érection du siège de la BGFI-Congo sur
le boulevard Denis Sassou Nguesso a mis dans la rue des
artistes et des musiciens congolais. En effet, le terrain qui abrite le dit siège, domiciliait
autrefois les artistes et musiciens congolais. Un établissement financier, c’est bien ! Mais la culture,
c’est mieux! Encore la culture a été tronquée contre les intérêts
égoïstes. La clairvoyance nous invite à se douter d’un éventuel trafic
d’influence. En effet, le président du Conseil d’administration de cette
banque est le conseiller spécial du président de la République, le
contre-amiral Jean Dominique Okemba. Si ce n’est pas
déjà révélateur, il faut s’interroger sur le sort de cette institution dont les
fonctionnaires et les ressortissants sont abandonnés à leur triste sort. De mémoire,
l’union des artistes et musiciens du Congo n’a pas eu droit à une quelconque
compensation, elle a été rayée géographiquement dans l’intention de taire
l’industrie de la culture qui est ce qui soude l’humanité. Aussi, la
garantie d’une industrie de la culture par le pouvoir serait un gage de la
souveraineté du peuple et de la maestria du pouvoir. Cette
appropriation, qui s’est passée dans une grossièreté manifeste, qui défie la souveraineté
du peuple, est une entrave à la bonne gouvernance et un détournement des biens
de l’Etat. Les conditions dans lesquelles l’Etat congolais aurait cédé
ce bien, sont floues et le peuple se sent abuser.
Un bien détourné
À deux pas du siège de la BGFI-Congo en
partant vers le rond-point « La Coupole » se situe l’hôtel GHS. L’immeuble qui abrite cet hôtel géré par des sujets Libanais
est, ou était un bien de la Compagnie d’Assurance et de Réassurance
du Congo en sigle (ARC ) une
société d'Etat régie par le code CIMA. Nous ne pouvons
pas confirmer si cette immobilisation a été cédée ou fait l’objet d’une
concession. Toujours est-il que les occupants de cet immeuble se sont
installés dans des conditions plus que douteuses, tant de sources concordantes,
la direction de cette entreprise revendiquerait le bâtiment ou une créance
relative à cette hypothétique cession. Le dossier serait sur la table du ministre des Finances. Un paria aurait
confisqué un bien d’une société d’Etat sans verser la contrepartie. Entre-temps,
pendant que le ministre tourne en rond, le paria par l'entremise des sujets
libanais, s'enrichit et l'Etat s'appauvrit au point de ne pas pouvoir assurer
les premiers aux populations dans les formations sanitaires… Le fils cadet du président Denis Sassou Nguesso,
le nommé Denis Christel Sassou-Nguesso n’est
pas inquiété. Les témoignages convergent vers ce dernier. Quand on pense
qu’il croit à un Congo prospère avec sa fondation perspective d’avenir, il y a
bien de quoi se révolter.
Encore lui…
Sur le boulevard Alfred Raoul ,
en face de l’hôtel de la préfecture, se dresse une résidence entièrement
rénovée depuis un moment. Ces immeubles dits « immeubles des coopérants italiens »
sont gérés par une société immobilière qui appartiendrait à l’honorable Denis
Christel Sassou –Nguesso. Nous osons croire que la direction centrale des logements et
des bâtiments administratifs tient un registre des immobilisations, lequel le
moment venu garantirait la transparence des transactions effectuées sur le patrimoine de
l’Etat. Toutefois, cette administration aurait déjà tiré la sonnette
d’alarme. La spoliation des biens de l’Etat est notoire.
Les logements sociaux : une couverture des biens mal acquis..
Les logements dits sociaux du camp clairon cédés à hauteur de
plusieurs dizaines de millions ne répondent pas aux conditions types des
logements sociaux. Pour les Congolais à faible revenu, il est quasiment
impossible d’acquérir des logements qui coûteraient autour de quatre-vingt-dix
millions (90 000 000) de francs CFA. Alors les proches
du président de la République ont acheté ces appartements pour les revendre au
prix fort. Les prétendus principaux bénéficiaires qui seraient des
personnes à faible revenu, ne pourront pas jamais être propriétaires de ces
appartements hors de prix. Mais alors en quoi ces logements sont-ils dits logements
sociaux si même la classe moyenne ne peut pas en disposer. Ils sont alors
destinés à l’élite. L’ironie du sort est que quand tu te renseignes sur les
conditions relatives à l’acquisition. Le personnel de la société immobilière vous envoie balader à
la limite ; les appartements affichent complet.
Autre fait marquant, les logements du camp clairon situé au
centre-ville de Brazzaville sont occupés et ceux situés dans les quartiers
populaires ne sont ouverts au public et pourtant les travaux ont pris fin depuis
plusieurs années. Les logements sociaux placés dans le sixième arrondissement
de Brazzaville ( Talangaï) sont
habitables. On se demanderait alors pourquoi pas servir les populations
de ces quartiers touchés par les événements du 4 mars 2012? Tout simplement parce qu'il est plus simple de profiter des
biens de l'Etat loin du bas peuple qui croupit dans la misère dans les
arrondissements tels que Talangaï et Bacongo. Même sous réserve que
les transactions immobilières entre les proches du président de la République,
notamment les membres de sa famille se seraient passées tout en préservant les
intérêts, ces biens sont foncièrement mal acquis tant les conditions dans
lesquelles ils ont été acquis, relèguent le peuple au second rang et proclame
l'hégémonie d'une famille sur toute une population.
La spoliation des biens de l’Etat a eu pour conséquence la
prolifération des sociétés immobilières instables. Comme nous l’avons signifié avec les immeubles des coopérants italiens,
les proches du président de la République se font impunément
les poches au détriment de l’Etat. Une politique de logements sociaux favoriserait le
développement du domaine privé de l’Etat. Après environ cinq (5) ans
d’exécution de cette politique, le
domaine privé de l’Etat se dépouille de plus en plus. Malgré que ces
logements dits sociaux soient érigés sur les terrains qui auraient appartenu à
l’Etat.
La spoliation des espaces de l’Etat
Le lycée technique Poaty Bernard
à Pointe-Noire capitale économique du Congo-Brazzaville a
été privé d’un espace réservé aux activités physiques et sportives de cet
établissement. Il faut dire que l’épanouissement intellectuel et physique
des jeunes de ce lycée aurait été échangé contre la création de trois emplois
précaires. Mais il faut noter que cette appropriation de cet espace ne
serait pas passée dans les conditions idoines tant le ministre de l'Intérieur Raymond Zéphirin Mboulou avait
tenté de déguerpir cette entreprise, mais son action a avorté contre toute
attente. Les sujets libanais étaient revenus s’installer sans qu’une
autre explication ne soit donnée aux populations de la ville océane.
Puisque nous y sommes, poursuivant avec les investissements
hasardeux et doux des Libanais. À Brazzaville au camp, 15 août 1960, des sujets libanais avaient fait sortir de terre un bâtiment R+3 afin
d’exercer une activité hôtelière. L’Etat, une fois de plus de la manière forte a repris ses
droits.
L’ancien ministre de Denis Sassou Nguesso, André Okombi Salissa devenu
opposant après avoir été éjecté du gouvernement est accusé de spoliation des
biens de l’Etat. Il serait propriétaire de cet immeuble inachevé construit
sur le terrain de l’Agence Nationale de l’Aviation Civile tout comme les
logements dits sociaux du camp clairon, lesquels sont dédiés à la famille
du chef de l’Etat.
Les enquêtes possibles
Les sujets libanais sont les principaux acteurs du secteur hôtelier
congolais. Toutefois, ils exercent pour la plupart avec les biens de l’Etat. Aussi, il faut
s’interroger sur les conditions d’acquisition et des concessions qui régissent
les relations entre la communauté libanaise et l’Etat congolais. Aussi les signes
extérieurs de la richesse tels que les voitures de luxe Ferrari, Porche et
Range Rover qui ne se comptent plus sur les avenues de Brazzaville devaient
mettre la puce à l’oreille à une justice qui n’inspire plus confiance. La justice a bien
de raisons pour ouvrir des enquêtes.
Biens mal acquis : un levier des activistes
Le pouvoir de Denis Sassou Nguesso n’aménage pas le peuple
congolais. Les libertés qu’il s’offre en spoliant les biens de l’Etat et
en ayant un train de vie ostentatoire n’est qu’un affront au peuple qui vit
dans la misère. Le laxisme de la justice est une preuve que celle-ci est
muselée et ne garantit pas les droits de l’homme du peuple. La liste des
biens mal acquis n’est pas exhaustive, mais le peuple congolais terrorisé ne
peut dénoncer les spoliations et des détournements des deniers public par peur
de représailles. La police et la gendarmerie sont à la solde du pouvoir. Les activistes
doivent appuyer les actions des organisations telles que Sherpa et Transparancy
pour lutter contre la corruption qui est la première cause de la crise que
traverse le Congo.
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