Le dialogue au bord du précipice


Sans vouloir nous ériger en donneur de leçons, la rentrée politique du collectif des partis de l’opposition donne matière à opposition. Quand bien même bon nombre de points nous rapprochent, l'essentiel du message dénote de l'attentisme. Aussi la méthode empruntée par cette frange de l’opposition congolaise laisse à désirer. Avant tout, il faut reconnaître que l'exposé est de très bonne facture et la précision est irréprochable. Cependant leur objectif, notamment le vœu relatif à la tenue d’un dialogue politique inclusif vient jeter du sable dans le mécanisme qui doit conduire le pays vers une paix véritable soutenue par la bonne gouvernance.
Tout en donnant une légitimité à leur action louable qui a le mérite d'édifier le peuple aussi bien sur les malversations que les détournements et tromperies dont le pouvoir de Denis Sassou Nguesso s'est rendu coupable ces vingt dernières années.  Nous sommes écœuré d’entendre ce collectif sollicité un dialogue tant ils ont été longtemps  partisans de la politique de la chaise. 
De mémoire, les dialogues qui se sont tenu ses dernières années, à savoir en 2009 à Brazzaville, 2011 à Ewo, 2013 à Dolisie , 2015 à Sibiti et 2017 à Ouesso ont desservi le peuple. Et si nous mettons le peuple au centre de nos actions, il est indispensable que nous opérions des choix qui aménagent tant soit peu ce peuple qui a toutes les raisons de ne plus croire à l’altruisme des politiques. Par ailleurs, les dialogues tenus en dehors des institutions notamment l'Assemblée nationale et le Sénat débinent lesdites institutions. 
La nostalgie des invétérés
Difficile de se détacher d’une activité exercée tout au long de sa vie, on se croirait tributaire d’une mission divine quand la carrière politique se confond à la carrière professionnelle. La politique qui doit être une activité plus importante qu’un hobby ne saurait être une profession dans le sens plein du terme. Cacique de la politique autrefois, vous ne pourrez en être nécessairement des virtuoses. Ainsi votre voix ne peut porter au-delà de votre capacité de mobilisation. En toute humilité , nous décrions votre outrecuidance...En considérant votre représentativité quasi nulle au sein du parlement, vous aurez avant tout fait profil bas pour recueillir le soutien du peuple tant votre procédé met à mal la légitimité des élus du peuple. Devrions-nous nous contenter de vos mérites et compétences, lesquels au fil des années ont nourri vos ambitions sans apporter la petite taille pierre à l'édification de la démocratie et d'une nation prospère.   
La crise que notre pays traverse, n’est pas non seulement une crise économique ou financière. Elle est bien une crise multidimensionnelle,qui est surtout une crise de confiance. Le peuple désapprouve l’action des politiques dans son ensemble. L’impopularité du régime a éclaboussé malheureusement la classe politique de part en part. Ainsi, les choix qui ne rencontrent pas au premier coup l'assentiment du peuple, les éloignent davantage de la citoyenneté et des dirigeants politiques.Aussi, sans remettre en cause, les qualités particulières du dialogue, ceux que le Congo a organisés aux dates ci-dessus indiquées ont fait le lit des professionnels de la politique, mieux des opportunistes qui ne voient en la politique qu’une sinécure. Tremplin des partisans du moindre effort, ces dialogues ont été souvent l’occasion de la rétribution de postes et autres avantages dont les dirigeants aussi bien de la majorité présidentielle que de l’opposition revendiquent à tort et à travers sur le dos du peuple qui croupit dans la misère.Voilà notre premier point de désaccord, ainsi élucidé ; une poignée de leaders politiques démunie d'une légitimité quelconque, tant leurs formations politiques respectives comptent à quelques exceptions près, pas d’élus du peuple, entourée de journalistes, s’octroie la mission d’amener un régime autoritaire autour de la table des négociations pour sortir le pays de l'abysse dans lequel ces incompétents l'ont plongé. Vous incarnez la race des rédempteurs, ceux une fois associés à la gestion de la chose publique feront rétablir l'équilibre, qui s'appuie sur la compétence, l'abnégation et la probité. Nous vous accordons d'office le bénéfice du doute dans l'espérance que le succès soit au rendez-vous. Vous affirmez que l'administration congolaise n'est pas en mesure de relever les défis de l'heure.Les dialogues ont toujours été initiés par le gouvernement afin de donner une forme un tantinet acceptable  aux passages en force tels que le changement de la constitution ou l'acceptation des élections truquées. L’hypothèse selon laquelle les élections sont entachées d’irrégularités, est intrinsèque à la pratique qui consiste à recourir de façon systématique au dialogue pour résorber des tensions susceptibles d’entraver des décisions impopulaires, des passe-droits…
Le fait de proposer une résolution qui a montré ses limites, ne relève pas de l’incompétence, mais de la compromission…Donnez la possibilité au peuple de s'exprimer...

Le Dialogue civil
Il importe de tourner la page du dialogue politique pour ouvrir celle du dialogue civil. Il est de notoriété publique que le peuple congolais désavoue la classe politique dans son ensemble. La tenue d’un dialogue politique inclusif ne mettra aucunement le peuple en confiance. Mieux, il approfondira le déficit  qui s'étend à la manière d'une érosion. L’obstination de cette frange de l’opposition a créé des conditions d’intéressement de la classe politique dans son ensemble et de la société civile dans une moindre mesure dans la gestion des affaires de l’Etat répand une forte odeur du calcul politique. La précision qui a circonscrit les questions abordées, notamment la pointilleuse analyse du budget exercice 2018, la présentation exhaustive des projets réalisés au moyen des prêts sur gages (pétrole gagé), le montant de 14 mille milliards d’excédents budgétaires extériorisés de 2003 à 2014, les prêts Chinois et bien d'autres témoignent d’une clairvoyance qui saurait s’embourber dans un contentement.En effet, les crimes économiques et financiers sous-tendus par vos révélations resteront alors impunis à la condition qu’il ait un gouvernement union nationale.Dans le contexte actuel, l’unique passerelle qui pourrait vous permettre d’être associés, mieux de prêter main forte au pouvoir, c'est de rentrer au gouvernement.
Les Congolais ont besoin d'être impliqués dans la gestion de leur pays. Vos révélations ne leur mettent pas en confiance. Les politiques sont à leurs yeux une engeance de rapaces, qui vivent aux crochets de la République . Il faudrait un branle-bas, non pas à la manière d'une insurrection, un dialogue populaire avec l'implication de l'église locale. L'église parvient nos jours à mettre la population en confiance. Sa neutralité,mais aussi la diversité qu'elle incarne, sont des conditions permissives d'un dialogue civil. Le dialogue civil est un vecteur de la solidarité nationale.
Nous pensons que pour mettre fin à la gabegie, au népotisme et au clientélisme, il importe de punir, de sanctionner mais aussi d'en parler à bâtons rompus... Vous traitez le chef de file de l'opposition de "collabo", vous ne valez pas mieux, tant vous savez que vous obtiendrez au mieux à des nominations au détriment de la démocratie.    

Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude. Le présidium de la conférence de presse du collectif des partis de l’opposition constitué de Mathias Dzon, Jean Itadi et Christophe Moukouéké symbole le Congo que les Congolaises et les Congolais récusent avec force et détermination. Dans le mot préliminaire, ils ont fait référence à l’expérience qu’ils résument, toutes proportions gardées, à l’exercice préalable d’une fonction au détriment des résultats. Si les nominations ne tenaient qu'aux mérites , ces derniers  n'avaient pas droit d'être cités, quand nous avons dit ça, nous avons rien dit...
Parlons vrai! 
À propos de l’expérience, si elle était uniquement le fait d’exercer, les trois (3) dirigeants du collectif des partis de l’opposition ne pourraient faire valoir une quelconque expérience face au président de la République Denis Sassou Nguesso qui a une longue carrière derrière lui, dont les résultats laissent à désirer. Le maçon est jugé au pied du mur. Ils ont été tous à un moment ou à un autre, ministres ou dirigeants politiques de premier rang. Le mérite n’a jamais été au centre de leurs politiques.Leurs replis identitaires exprimés au travers des positionnements motivés par des bases ethniques les trahissent... Les départements de la Bouenza, du Niari  et les plateaux constituent leur caution politique. La crise actuelle n’est pas seulement le fait de Denis Sassou Nguesso, de l'action conjuguée d'une classe politique laxiste qui n’a pas pu relever le défi de leur époque. Difficile de se détacher d’une activité exercée tout au long de sa vie, on se croirait tributaire d'une mission divine si la carrière politique se confond à la carrière professionnelle. La politique qui doit être une activité plus importante qu’un hobby ne saurait être une profession dans le sens plein du terme. Cacique de la politique autrefois, vous ne pourrez en être nécessairement des virtuoses. Ainsi, messieurs DzonItadi et Moukouéké après avoir dénoncé les dialogues, ce qui vous a auréolés à juste titre et vous rétablit dans vos droits d'invétérés ou de professionnels de la politique. Vous pêchez comme Denis Sassou Nguesso. En effet le jusqu'au-boutiste est un trait que vous avez en commun avec le président de la République. Malgré que vos actions engloutissent le pays dans l'abîme, vous persistez.. Autant nous invitons le président de la République à faire valoir ses droits à la retraite, autant nous vous invitons à y penser. D'ailleurs cette invite rentre dans la droite ligne de l'opinion que vous avez de la gestion de la chose publique.
Le revers de la médaille
Par ailleurs, vous ne pourrez d’une part remettre en cause les décisions du président de la République et affirmer d’autre part que la responsabilité des échecs du Congo et des malheurs du peuple congolais lui  revenait, mieux alléguer qu’il est le capitaine du bateau, que les choix opérés par lui sont déterminants pour l’avenir du pays.
Vous êtes dans l’obligation de donner force de loi à ses orientations, décisions et actes. À l’opposé, vous ne pouvez lui tenir rigueur pour les calamités que le Congo connaît..Voilà que le piège se referme sur vous-même. Pour s’en tenir à votre dialectique, si vous lui reconnaissez le pouvoir de convoquer un dialogue, pourquoi alors lui refuser le droit de nommer, nous voulons dire désigner le chef de file de l’opposition. Ce n’est pas pour dire que Pascal Tsatsy Mabiala a été choisi selon des critères objectifs, qui garantissent les équilibres nécessaires, lesquels jalonnent en outre la démocratisation. Dans notre article « l’opposition bancale », nous avons réprouvé le simulacre qu’a été cette nomination. Le dilemme est que vous voulez d’une chose et de son contraire. Vous sollicitez un dialogue auprès du président du République, lequel a nommé en amont son interlocuteur sur les questions d'opposition ou des opposants, en la personne du chef de file de l’opposition. 
Encore que vos divergences avec ce dernier se posent que sur les avis et opinions. Vous ne pouvez lui déchoir à propos. Aurez-vous le monopole des aspirations du peuple? Pour prétendre que les points de vue du chef de file de l’opposition, lesquels sont aux antipodes du vôtre, seraient privés de la confiance du souverain primaire...
 Accordons nos violons
L’opposition constructive se devait d’acclamer cette rentrée qui plante le décor d’une opposition avertie à la pointe de l’information et à l’affût de la bonne gouvernance. À malin, malin et demi, votre rentrée est mort-née. Non seulement que vous vous adressez au président de la République en demandant l’intercession du Fond Monétaire International (FMI), quelle injure au peuple congolais, qui est le principal instigateur de nos actions tout azimut… Nous ne voulons pas vous mettre à dos, mais souligner seulement l’incongruité de votre démarche. Si vous récusez la personne de Pascal Tsatsy Mabiala en qualité de chef de file de l’opposition, reconnaissez-vous au président de la République, le pouvoir de nommer un chef de l’opposition ? Au cas où vous l’auriez oublié la loi confère au président de la République le pouvoir de désigner un chef de file de l’opposition. Par principe, l’opposition constructive s’allie à toutes les forces qui drainent le Congo vers la démocratisation en éradiquant la dictature avec comme levier et catalyseur le peuple congolais.

Somme toutes, vous êtes une force opposante à l’émancipation du peuple congolais et à la démocratisation du Congo. Au lieu d’appeler de ses vœux un dialogue politique inclusif ou de tirer sur le chef de file de l’opposition qui est victime d’une manipulation autant que le peuple congolais, vous travaillez à rassembler de toutes les forces qui s’opposent à la dictature de Denis Sassou Nguesso.

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