La démocratisation scannée (Congo-Brazzaville)
L’opposition constructive doit entre autres
relever les goulots d’étranglement qui ralentissent la démocratisation. La transition
démocratique au Congo dure un peu plus longtemps comparativement à son essor
sous d’autres cieux. Pour mémoire, la démocratisation du Congo s’inscrit en effet
dans la troisième vague de démocratisation qui débute dans les années 1970.
Un mauvais départ
Le Congo-Brazzaville est
bien en retard, très loin derrière les pays tels que le Portugal ou la Grèce. C’est bien aujourd’hui clair que le Congo n’est pas le meilleur élève en matière de
démocratisation. Il est donc hasardeux d’évaluer notre transition démocratique
à l’aune de ces pays susmentionnés quand bien même le Congo-Brazzaville se trouve être logé à la même
enseigne que ces démocraties du moins en apparence. On a vite compris
que comparaison n’est pas raison. Toujours est-il, il est de coutume au Congo de se prévaloir
des comparaisons même absurdes.
L’important étant de trouver un justificatif devant une
difficulté que l’on ne parvient pas à surmonter. Nous adoptons la comparaison comme « étalon ». Il est de
notoriété publique que les élections sont organisées
de façon régulière au Congo-Brazzaville. Par ailleurs,
lesdites élections sont pour la plupart contestées et entachées d’irrégularités.
Un atterrissage en fracas
Désormais
contestable, ce pan de la démocratisation du Congo serait sur une mauvaise
pente. Le Congo qui pourrait s’attribuer la casquette de «
démocratie électorale », serait ainsi dépouillé des efforts consacrés pour
sa marche vers la démocratie.
Les élections mis à mal par des pratiques qui n’honorent ni démocratie et encore moins la souveraineté du peuple.
Les élections mis à mal par des pratiques qui n’honorent ni démocratie et encore moins la souveraineté du peuple.
Le calibre de la démocratisation
Il ne reste plus
qu’à exploiter les pistes des deux (2) indicateurs
ci-après, à savoir : Le respect des droits de l’homme et la règle du droit « World Justice Projet ».
Pour le premier
indicateur, les indices que nous avons retenus, sont les suivants :
- L'intégrité physique, évaluée à partir du nombre de
tortures, des meurtres, des emprisonnements politiques et disparitions forcés ;
- Le respect de treize (13) droits
humains (droits d’association, liberté de mouvement, droit économiques
et politiques des femmes, liberté de religion et de conscience…).
Avec ces indices, jetant un coup d’œil sur un fait devenu depuis
une banalité
En effet, il n’est pas rare de voir les agents de la force
publique s’acharner sur les présumés coupables avec une violence pitoyable et
cruelle ; le tristement célèbre « BJ », le
véhicule Toyota Land cruiser Pickup utilisé pour la patrouille a hérité de la violence des
unités qu’il transporte... Pas un seul citoyen des grandes villes du Congo n’ignore le
traitement réservé aux individus arrêtés ou même interpellés par les agents de
police à bord de ce véhicule. Il n’est pas difficile de voir aussi bien les coupables que
les victimes être rempilés dans la benne sous les pieds des gardiens de la
paix, drôle de façon de préserver la paix avec ces humiliations quotidiennes
qui sont rentrées dans nos habitudes.
Les Brazzavillois ne se gardent plus de brandir
réciproquement des menaces avec la formule « Je vais appeler une BJ » ou « Tu sais qui je suis ! ». On sait à quoi
s’attendre au mieux à une brutalité gratuite qui ne sera jamais réparée, au pire
à la mort. En parlant de réparation, elle n’est pas à l’ordre du jour
dans l’administration congolaise. Pour preuve, les dirigeants politiques qui sont actuellement
retenus pour les besoins d’enquête ont largement dépassé le délai légal de garde-à-vue. Ils sont ainsi détenus de force et de façon arbitraire. Tous les
ingrédients sont réunis pour penser qu’ils sont plus ou moins que des
prisonniers politiques. La population est gratifiée de violence au quotidien et ne se
plaint plus puisque la justice est sous l’emprise de l’exécutif.
Cette violence ne porte pas seulement atteinte à l’intégrité
physique des victimes, mais également traumatise les populations. À propos des
emprisonnements, il est inadmissible que les individus soient maintenus de
force et que les avocats soient tabassés alors qu’ils exercent leur métier. Pourquoi s’abstenir
à dire que le Congo-Brazzaville n’aurait
pas de prisonniers politiques. Aussi, le pouvoir judiciaire est comme vicié et fagoté de
l’intérieur par le clientélisme ;
Les obstacles à la démocratisation
En effet, dans son
article 171 alinéa 3 de la constitution du 15 octobre 2015, il est stipulé, je cite « Le Conseil supérieur de la
magistrature placé sous l’autorité du président de la République, peut prendre
toutes mesures pouvant contribuer au fonctionnement régulier des Cours et
Tribunaux. »
Mais si nous
nous amusons à voir de près, cette pratique est estampillée « made in Congo » . Le Conseil
supérieur de la magistrature français est présidé par un magistrat élu par ses
paires. On pourrait s’en passer de cette comparaison tant le conflit
d’intérêts saute aux yeux comme le nez sur le visage. L’exécution des
lois et les décisions de justice sont bien de la compétence de l’exécutif, on
lui concède aussi la représentation de l’Etat auprès des juridictions à travers
le parquet, mais on ne tolérerait pas que le Conseil supérieur de la
magistrature soit aussi placé sous son autorité. Le bilan du
deuxième indice reste mitiger tant le respect des droits humains reste sujet à
caution.
Évaluant par ailleurs, les performances de la démocratisation
face à l’indice de règle du droit « world justice projet » qui se résume aux
indicateurs ci-après :
• Limitation du pouvoir du gouvernement ;
• Absence de corruption ;
• Stabilité des lois, clarté et publicité ;
• Ordre et sécurité ;
• Absence de corruption ;
• Stabilité des lois, clarté et publicité ;
• Ordre et sécurité ;
• Respect des
droits fondamentaux ;
• Ouverture du gouvernement ;
• Accès à la justice civile ;
• Efficacité de la justice pénale ;
• Présence d’une justice informelle.
• Ouverture du gouvernement ;
• Accès à la justice civile ;
• Efficacité de la justice pénale ;
• Présence d’une justice informelle.
Nous allons nous appesantir sur la limitation du pouvoir du
gouvernement en premier lieu, les chiens ne faisant pas les chats. Le gouvernement
ne fait pas exception à la règle, c’est le moins qu’on puisse dire. Nous avons
épinglé plus haut les dispositions de la loi qui allaient tout simplement à
l’encontre des principes démocratique. Quand le sacro-saint principe de la séparation de pouvoir
est foulé au pied, notre démocratie est entièrement vide. Le plus dur à
accepter est l’ascendance que le ministre de la Justice aurait ainsi sur les
magistrats ; ils les nomment et les relèvent à sa convenance.
Les caractéristiques de l'autoritarisme
Dans la même
lancée, les conditions dans lesquelles l’actuel président de la République est
arrivé au pouvoir, sèment le doute sur les motivations réelles d’un président
désavoué à l’occasion de la conférence nationale de 1990, qui revient au
pouvoir à la faveur d’une guerre civile meurtrière et dévastatrice. Un président qui
a tronqué son treillis au 1990 contre un costume-cravate pour se maintenir au
pouvoir, a fait l’expérience du désaveu du peuple, en finissant troisième à
l’élection présidentielle 1992. Cinq ans plus tard, il revient non pas parce qu’il était en
odeur de sainteté avec ce peuple qui l’avait banni. On a beau crié
sur les toits, démocratie ! Mais les faits sont têtus, et même incorruptibles.;;
C’est pourquoi nous ne jurons que sur les faits. Ce mode de
conquête du pouvoir hante la démocratisation. Ainsi ses victoires aux élections présidentielles de 2002,
2009 et plus encore à celle de 2016 n’ont pas rassuré l’opinion nationale et
entre moins l’internationale. Outre la longévité au pouvoir qui laisse entrevoir une
méfiance quant aux intentions du président Denis Sassou Nguesso sur l’avenir du
Congo.
Nous n’avons pas souvent le courage d’assumer nos opinions
pour des raisons qui sont rarement objectives. Le problème de la succession se pose d’ores et déjà. Les informations
en notre possession ne sont pas éloquentes.
En effet, un establishment règne au Congo. Une course au pouvoir est ouverte entre les proches du président de la République actuel. Cela se passe au vu et au su du peuple autant dire des sujets. L’expression « sujet » a tout son sens. Si l’establishment avait un peu de scrupule et regardait le peuple comme détenteur du pouvoir, il ne se discuterait pas le pouvoir sur la place publique. Mettant à nue leur voracité, l’affaire des biens mal acquis, nous renseigne à suffisance.
En effet, un establishment règne au Congo. Une course au pouvoir est ouverte entre les proches du président de la République actuel. Cela se passe au vu et au su du peuple autant dire des sujets. L’expression « sujet » a tout son sens. Si l’establishment avait un peu de scrupule et regardait le peuple comme détenteur du pouvoir, il ne se discuterait pas le pouvoir sur la place publique. Mettant à nue leur voracité, l’affaire des biens mal acquis, nous renseigne à suffisance.
Le piège se referme sur les chasseurs
L’addiction au
pouvoir rendrait-elle insensée une famille qui a pu confisquer le
pouvoir du peuple pendant une aussi longue période ?
Il n’y a pas trente-six façons de poser le problème de
l’alternance au Congo, après plus de trente-deux (32) ans
de pouvoir par intermittence, le vase est plein. Dans le contexte actuel, il est de notoriété publique que
les proches du président de la République sont des faiseurs de roi, dotés d’un
pouvoir illimité impliquant une capacité de nuisance difficile à évaluer. Un fait majeur, qui aurait suscité l’intérêt du peuple, car
la marche vers le pouvoir du peuple, pour le peuple et par le peuple est en
périple ; depuis deux décennies pas un seul membre des nombreux
gouvernements qui ont succédé, ne s’est inquiété de sa gestion et moins a
déposé sa démission. Il nous vient à l’esprit deux hypothèses à la fois crédibles
et plausibles à notre avis. Si durant une aussi longue période, aucun membre du
gouvernement n’a été mis en examen ou encore n’a pas démissionné, soit ils ont
été tous hyper compétents ou tout simplement médiocre au point de servir un
groupuscule, desservir le peuple et de ne pas voir que tous les indicateurs
sociaux sont en rouge, signe d'une gestion calamiteuse et catastrophique.Il ne faut pas avoir un coefficient intellectuel bien
au-dessus de la moyenne pour comprendre qu’il y a anguille sous roche. Encore, les
racines de la démocratisation s’abritent dans les méandres des familles
politiques et non pas biologiques.
La confiscation du pouvoir par une classe sociale
Notre oligarchie n’a pas le monopole de l’instinct grégaire ; les partis
politiques traditionnels à l’exception du Parti Congolais du Travail qui est en
passe d’être muselé, sont pour la plupart emportés dans la tourmente des
successions familiales. C’est le cas du MCDDI (formation politique), ou deux frères se discutent le patrimoine
familial composé entre autres d’un parti politique dont la seule attraction
tient du repli identitaire.
Le Rassemblement Démocratique pour le Progrès Social (RDPS) ne fait pas non plus exception ; Jean Marc Thystère Tchicaya a
repris l’épicerie familiale à l’issue d’un Congrès pompeux dont le
financement a dépassé toutes les expériences. La liste est exhaustive.
Le laxisme du Congolais
Les dérapages, abus de pouvoir ou la mauvaise gouvernance que nous évoquons, sont de notoriété publique. C’est banal autant que les multiples atteintes à l’intégrité physique que le non-respect des libertés fondamentales. Le peuple doit exprimer son irritation.
Les dérapages, abus de pouvoir ou la mauvaise gouvernance que nous évoquons, sont de notoriété publique. C’est banal autant que les multiples atteintes à l’intégrité physique que le non-respect des libertés fondamentales. Le peuple doit exprimer son irritation.
Là aussi, les responsabilités sont mutuellement partagées. À propos de la
guerre de succession pas un seul candidat éligible au sein de la majorité
n’affiche ses ambitions. Stratégie politique ou effet du cantonnement, les
nominations ou désignations sont de l’apache de l’oligarchie. Ce cercle
vicieux appelle résolument à une opposition constructive qui sort d’un système
grippé simultanément par une longue période d’exercice du pouvoir et de
l’intention manifeste de s’y accrocher avec un mot de passe qui fait l’unanimité
« démocratie ».
C’est à loger au passif du président de la République, qui au-delà
de tout a un grand mérite, sa capacité à se maintenir au pouvoir, ce qui laisse
plus d’un pantois. Mais à l’opposé, la poigne d’un homme n’est pas une garantie
pour la démocratie. Sans ambages,
nous répondons en toute conscience par un « NON ». La voix des Congolais doit se faire entendre. La démocratie
étant le pouvoir du peuple par le peuple, ne pourrait éclore dans la paume de
la main d’un homme fut-il expérimenté. Toutefois, la démocratie n’est pas la volonté de la minorité
et la démocratisation ne saurait être un monologue, une confiscation entretenue
par les intimidations et la violence policière.À côté de la cohorte des loups, nous avons un peuple affable, un peuple mouton et une élite en papier ; le peuple congolais s’est laissé prendre dans un jeu qui comporte tous les dangers possibles pour ralentir la démocratisation ; le clientélisme et l’achat de conscience et/ou de voix sont bien réels. Au nom d’un certain pragmatisme, le peuple a monnayé sa voix. Les raisons sont connues de tous. Les élus pour la plupart recherchent une ascension sociale et dans une certaine mesure la gloire, la reconnaissance… Le pouvoir a laissé faire, persuadé de détenir la puissance financière, il tient le peuple qui quémande casquette, pagne, billet de banque, et même de l’emploi. Il importe d’envisager l’alternance.
Les crimes de Denis Sassou Nguesso contre la démocratie.
Il faut dire que dans le cas de la démocratisation du Congo-Brazzaville, le président de
la République Denis Sassou-Nguesso porte la plus
grande responsabilité que nous voulons qu'il le porte comme un boulet, accroché à sa conscience. Depuis l’avènement de l’ère démocratique, il est le président
qui est resté le plus longtemps au pouvoir, avec des années de règne
gracieusement jalonnées par une embellie financière due aux boums pétroliers à répétition. Même
l’opposition constructive qui voudrait se faire violence, pour dire la vérité
au peuple, finit par aborder des questions qui fâchent et ce qui sont occultées
et mystifiées ; la crise que traverse le Congo n’est pas conjoncturelle mais
structurelle… En somme, la mauvaise gouvernance est la principale cause de
cette crise.
La démocratisation est sclérosée. Cet épisode de l’histoire du Congo est dramatique. Du point de vue
des activismes qui se plongent dans la passion pour aller dans le fonds des
choses.
L'apport de l'opposition constructive
L’opposition constructive se propose de rappeler les
avantages de l’alternance. L’alternance empêche la sclérose au niveau des fonctions
dirigeantes « le pouvoir corrompt ». Aussi, cette longévité crée un écart entre le Congo et le
Portugal.
La
démocratisation ne serait une priorité avec par exemple une volonté manifeste
de s’éterniser au pouvoir. Toutefois, les congolaises et congolais n’ont pas dénoncé
cette offense au pouvoir du peuple et pour le peuple. Cela sous-entend
qu’il s’y plaît...
L’expérience a montré que les régimes qui s’éternisent au
pouvoir, ne servent pas l’intérêt général. Au-delà de l’éthique qui vaudrait que le népotisme et le
favoritisme soient rayés du jeu politique, nous ne pouvons pas exclure certains
Congolais à la Magistrature suprême au motif de leur lien d’apparenter avec le
détenteur officiel du pouvoir. La situation est très complexe, car, effectivement, il y a
bel et bien un establishment au Congo. Les proches du président ont une grande influence dans la
gestion de l’Etat. L’impunité s’est depuis implantée. À propos de l’impunité, sans soutenir les mises en examen et
procès intentés contre les proches du président, et pourtant, ils nous mettent
sur de pistes à exploiter pour accélérer le processus démocratique, telle est
notre principale mission, nous dénonçons l’injustice commise par la justice
congolaise. À côté des scandales tels que le panama papers, bien mal acquis et les
détournements flagrants de fonds dont le président de la République a décrié à
l’occasion de son message sur l’Etat de la nation, devant le Parlement réuni en
Congrès.
Un autre déséquilibre qui réconforte l’entrain des activistes est
que la classe politique ne prend pas ses responsabilités. Avec une
opposition bancale, les activistes se trouvent doter d’une mission divine. Le mélange de
genre étant une référence, à défaut de citer les textes sacrés dans un Etat
laïc, purifiant nos coups de gueule dans une posture messianique. Le pasteur Ntumi qui vient de signer des
accords avec le gouvernement valide l’opinion selon laquelle que le peuple ne
sait plus à quel saint se vouer tant l’immoralité et
les contre-valeurs prennent le dessus au fur et à mesure que nous
allons vers une démocratisation qui patauge dans le marasme.
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